On vous a raconté tellement d’expériences négatives, cuirs qui se décolorent, qui se fendillent, qui se déchirent, que vous vous interrogez sur la qualité du canapé en cuir que vous allez acheter. La première chose à faire est de consulter attentivement l’étiquette ou la fiche technique du modèle. Cherchez-y l’origine du cuir, sa provenance, son type, son épaisseur et le traitement qu’il a subi. S’il vous manque une de ces informations, n’hésitez pas à interroger le vendeur qui, vous le constaterez bien souvent, s’avérera ou malhonnête, ou bien plus ignorant que vous.
L’origine
Le cuir c’est avant toute chose l’épiderme d’un animal, il en existe de multiples variétés et de nombreuses utilisations. Le milieu de la confection utilise des peaux fines et fragiles, telle que agneau, veau, mouton, chamois, serpent ou poisson. Dans l’ameublement, vous trouverez surtout du cuir de vachette ou de buffle.
- L’appellation «vachette» regroupe tous les bovins adultes tels que vaches, bœufs, etc. Ce cuir est plus résistant que celui du veau et plus souple que celui du buffle. Sa résistance et sa souplesse en font le cuir idéal des canapés ou fauteuils design aux formes très arrondies.
- Le cuir de «buffle» provient de l’animal du même nom. Sa principale qualité est qu’il est très résistant. Son principal défaut, sa grande rigidité et son accueil très ferme. Cet inconvénient est un frein à son utilisation pour du mobilier aux formes arrondies ou très travaillées.
En moyenne, le revêtement d’un canapé est constitué de la peau de 7 animaux.
La provenance
Le marché européen utilise des cuirs provenant de deux grands secteurs géographiques, l’Europe et l’Asie du sud. Les cuirs européens proviennent principalement de France, d’Italie, d’Espagne et du Portugal.
- La législation européenne garantit à la fois le respect de l’animal et de l’écologie. En achetant un canapé en cuir européen, vous êtes certain(e) que l’animal n’a pas subi de mauvais traitements et que le tannage s’est effectué sans pollution des eaux. En contrepartie, les cuirs sont de qualité supérieure, donc plus chers.
- Les cuirs Asiatiques proviennent principalement d’Inde ou du Bangladesh. Les conditions d’élevage sont médiocres et le tannage reconnu comme un fléau écologique. Ces cuirs sont très peu chers et sont utilisés pour les gammes basses et moyennes.
Epaisseur du cuir
C’est le point au sujet duquel on peut entendre le plus grand nombre d’âneries.
Dans l’ameublement, l’épaisseur du cuir varie de 1 à 3 millimètres, entre 1.1 et 2 mm pour le cuir « vachette » et entre 2 et 4 mm pour le buffle. Pour l’anecdote, certains « professionnels » proposent ou ont proposé des cuirs de 4 à 7 mm. Ne vous laissez pas abuser, un cuir de 5 à 7 millimètres impliquerait la présence du muscle, donc de viande.
Enfin, beaucoup de vendeurs ont tendance à n’indexer la résistance du cuir qu’à son épaisseur, jouant sur l’apparence « massive » du buffle pour laisser sous-entendre la robustesse du cuir éponyme. De tout cela il n’en est rien, l’épaisseur ou l’animal ne font rien à l’affaire, c’est la qualité du tannage et elle seule qui va déterminer la souplesse et la vraie résistance du cuir.
Le tannage
A défaut de traitement, le cuir est une simple peau, une matière vivante qui ne se conserve que quelques jours. Afin de la rendre imputrescible, on l’expose aux tanins, des substances qui vont transformer les protéines en matières insolubles insensibles aux bactéries responsables de la décomposition organique, c’est le tannage.
De l’antiquité au début du 20eme siècle, le tannage usait de produits d’origine végétale comme l’écorce de chêne ou de châtaignier. Les peaux étaient immergées dans des fosses jusqu’à 2 ans pour certaines, en résultait un cuir lisse et rigide. Aujourd’hui, on parle de tannage minéral dans des foulons rotatifs au moyen de sels de chrome dont l’usage rend le cuir souple et agréable au toucher.
Familles de cuir
Un cuir raconte l’histoire de l’animal qui l’a porté. Son aspect va dépendre de l’alimentation de l’animal (plus l’animal a été bien nourri, plus le grain est régulier) et des aléas subis durant sa vie. Des piqûres d’insectes, combats et écorchures diverses découlent d’inévitables cicatrices qui vont émailler la peau de l’animal. La présence, le nombre et l’étendue de ces cicatrices vont conditionner la qualité, l’avenir et l’appellation de ce cuir.
La peau de l’animal est constituée de deux couches superposées. La couche inférieure ou croûte est celle qui est en contact avec le muscle, c’est la partie la plus solide et la moins belle. La couche supérieure en contact avec l’air, plus dense et plus belle, est appelée fleur.
Cuir pleine fleur
Lorsque la qualité permet de conserver l’intégralité de la fleur, on parle de cuir pleine fleur. Il conserve le grain naturel et toutes les caractéristiques mécaniques de la peau. C’est le cuir le plus beau et donc le plus cher.
Finition Aniline
Cette finition s’applique sur des cuirs quasiment parfaits, au grain régulier et presque sans cicatrices. La surface du cuir est recouverte d’une sorte de vernis transparent qui conserve l’aspect naturel de la peau. C’est un cuir rare et cher.
Fleur rectifiée
Quand les défauts sont légers et superficiels, le tanneur les fait disparaître en ponçant la surface du cuir puis imprime un grain artificiel qui va faire illusion, mais qui va s’estomper dans le temps. Le cuir est moins robuste, le ponçage a en effet détruit les fibres superficielles qui lui donnent résistance et élasticité.
Attention, il existe un cuir volontairement poncé et non grainé, le « Nubuck » à la surface veloutée. Vous le connaissez sous le terme de « daim » ou de « cuir velours« .
Pigmenté
Cette méthode est utilisée lorsque les défauts sont plus importants sans être rédhibitoires à l’usage de la surface. Les imperfections sont masquées par une couche de pigments plus ou moins épaisse suivant la taille des cicatrices. Plus la quantité de pigments projetés est importante, plus le cuir aura un aspect et un toucher plastique. Le gros défaut de cette méthode résulte de la fragilité du revêtement qui va inéluctablement craqueler. Malgré tout ce que pourra vous raconter votre vendeur, aucun entretien n’est efficace sur du cuir pigmenté, l’épaisse couche plastique empêchant les matières actives de pénétrer.
Croûte de cuir
Lorsque la fleur est trop abîmée, le tanneur ne conserve que la croûte, fendant le cuir dans le sens de l’épaisseur, c’est la «refente» qui engendre un cuir bien moins épais et assez peu résistant. La croûte est ensuite rectifiée ou pigmentée suivant l’usage. Il faut savoir aussi que certain petits malins usent de cet artifice pour obtenir deux peaux d’une seule et augmenter un petit peu leurs bénéfices.
Les différentes parties du cuir
Une fois la peau tannée, on obtient une pièce de cuir à la forme caractéristique dont chacune des parties est destinée à un usage bien particulier. Il faut en effet tenir compte de la capacité à se déformer que possède chaque partie de la peau, c’est ce que le maroquinier appelle le « prêtant » du cuir.
En ameublement, la totalité de la peau est utilisée. La meilleure partie est le dosset, plus dense, positionnée généralement sur les points de friction comme les assises, dossiers ou accoudoirs. Les moins bonnes, les flancs et les pattes, placées sur les côtés, le socle et le dos du canapé.
Sachez toutefois que très rares sont les fabricants à respecter scrupuleusement la règle, même ceux qui ont pignon sur rue.
Entretien
Un cuir s’entretient une fois par mois avec un produit adapté, cela lui permettra de conserver longtemps sa souplesse et limitera fortement les risques de craquelures. Faites particulièrement attention aux clous des jeans qui rayent le cuir, aux shampoings, lotions et gels capillaires qui vont décolorer les appuie-têtes. Enfin, soyez extrêmement attentifs à la disposition de votre canapé, le cuir est très sensible aux rayons solaires et lunaires qui vont inévitablement engendrer une décoloration irréversible.