En Provence, dès la belle saison, les portes d’entrée s’ornaient de magnifiques rideaux. Il faut dire que de tout temps, il a fallu se protéger des grosses chaleurs de l’été en même temps que des insectes : mouches, guêpes et moustiques. Les persiennes fermées pourtant très efficaces assombrissaient fortement les intérieurs, il était nécessaire de trouver une alternative.
On commença alors par accrocher des rideaux de cretonne très colorés, efficaces certes mais ne laissant que peu filtrer l’air et la lumière. On remplaça ensuite la cretonne par des perles de verre puis de bambou permettant de mieux aérer et de laisser plus aisément passer la lumière. Ces rideaux permettaient d’atténuer la luminosité crue du soleil tout en préservant l’intimité de l’intérieur. De plus, laissant circuler librement l’air, ils procuraient une pénombre plus fraîche. Ils permettaient également, par le bruit des perles, de se protéger des insectes. Efficacité maximum donc.
Puis on remplaça le verre ou le bambou par des perles de buis, façonnées dans les rameaux de cet arbuste dont le bois tendre peut être facilement travaillé et percé en son centre. Le tourneur put ainsi fabriquer des perles de formes différentes : courtes, longues, rondes, en forme d’olive…Elles furent même teintées de brun, rouge, vert, bleu ou laissées naturelles, d’un beige clair proche du miel.
Les perles étaient crochetées une à une à l’aide de pinces et de tenailles par du fil de fer galvanisé et assemblées en bandes toujours commencées par le bas. Les bandes achevées étaient fixées selon un canevas pré-établi sur un montant de frêne assez solide. Les rideaux originels et les plus simples étaient monochrome, d’une couleur miel.
Bien vite différents motifs furent utilisés comme les losanges, chevrons, etc…qui requerraient beaucoup de patience et de minutie. Pour cela, seules les femmes, rémunérées à la pièce, étaient employées pour ce travail. Chaque rideau de perle demandait environ six heures de travail et quelques deux mille perles de buis. Les travaux exceptionnels, avec décor particulier, pouvaient nécessiter jusqu’à une semaine de labeur.
Les dimensions chaque fois différentes, le montage réalisé par des fabriques artisanales rendait chaque rideau quasiment unique.
Cette porte, véritable dentelle de bois, présentait de magnifiques dessins colorés, comme un voile séparant le logis de l’extérieur. Le rideau pouvait même être restauré, passant ainsi d’une génération à l’autre, protégeant à la belle saison de la canicule et des insectes indésirables. Beaux, ils magnifiaient l’entrée de leurs décors uniques.
Belle époque, tristement remplacée par des rideaux faits de lanières de plastique.
bonjours peut-on savoir le prix