
Tous les jeunes parents connaissent le lit pliant que l’on appelle aussi lit parapluie. Pratique, il permet d’offrir au bébé un couchage d’appoint de qualité et en toute sécurité tout au long de vos pérégrinations, en voyage ou en visite chez des amis. Vous avez certainement aussi admiré l’ingéniosité du mécanisme, mais savez-vous qui a inventé le premier lit pliant de voyage?
Un peu d’histoire
Le concept du lit de voyage existait déjà au XVIIIeme siècle même si le modèle le plus perfectionné était constitué de dizaines de pièces indépendantes en fer à assembler. Autant dire que le transport et le montage de ces lits, quelquefois dans le noir, en rendaient l’usage peu pratique. Au tout début du XIXeme, Marie-Jean DESOUCHES (1764-1828) est artisan spécialisé dans la fabrication de meubles mécaniques au 18 rue de Verneuil à PARIS où il réussit à mettre au point un lit en fer d’une seule pièce capable de se replier grâce à un astucieux système de charnières. Ses dimensions sont légèrement plus petites qu’un lit actuel, une largeur de 86 cm pour une longueur de 1,82 m et une hauteur de 1,08 m. Il améliore aussi grandement le confort de ce lit de voyage par l’ajout d’un sommier en toile. Sophistication suprême, un système de ressorts est intégré au tissu accentuant l’élasticité du sommier. En février 1804, il dépose le brevet de son lit parapluie révolutionnaire au point qu’il est immédiatement remarqué par Napoléon Bonaparte, encore premier consul.
Pratique, facilement transportable, robuste et rapidement plié ou replié, ce lit va rapidement intégrer le mobilier militaire de campagne de Napoléon.
Napoléon devenu empereur, sa literie de campagne va se composer du lit pliable auquel va être ajouté un dais de fer et sa garniture de taffetas, trois matelas, oreiller, traversin et couvertures.
Marie-Jean DESOUCHES améliorera le modèle en 1809 avec un système à coulisse de réglage de la hauteur de coucher. Il sera aussi possible de séparer facilement le lit en deux éléments permettant de le charger à dos de mulet en cas de déplacement en terrain difficile.

Partie des bagages impériaux capturés par les troupes russes à la bataille de Borodino en 1812 – Musée de Borodino
Epilogue
Si durant son règne, Napoléon se fera livrer 16 lits par DESOUCHES pour son usage personnel en campagne, le serrurier parisien va en fournir près d’une cinquantaine car ce lit va aussi faire partie du paquetage des généraux de l’empire mais aussi de proches de l’empereur. Ils ont été utilisés comme mobilier d’appoint par la famille impériale en fonction des différents déplacements, DESOUCHES prenant toutefois soin d’adapter son modèle à l’usage prévu, celui de l’impératrice Marie Louise par exemple étant largement garni de dorures.
Ce lit va participer à toutes les campagnes de l’Empereur au point qu’il va l’accompagner jusqu’à la fin, Napoléon va en effet en emporter deux dans son exil à St Hélène. Louis-Joseph-Narcisse Marchand (1791 – 1876), fidèle valet de chambre jusqu’au bout et exécuteur testamentaire raconte :
« L’Empereur avait à Sainte-Hélène deux petits lits de campagne; la nuit il allait de l’un à l’autre en passant d’une pièce dans une autre …. » – Marchand
Napoléon mourra d’ailleurs le 5 mai 1821 dans un de ces lits de campagne qu’il affectionnait tant et qu’on distingue parfaitement dans la représentation ci-dessous.
Pour anecdote, les plus observateurs ont dû noter sur la représentation ci-dessus l’absence des roues. Un rapport de l’officier d’ordonnance en charge de la garde de Napoléon Bonaparte explique ce que le sergent Abraham Millington, soudeur de son état, est venu faire au lit de Napoléon le 1er mars 1821.
« Le comte Montholon m’a demandé hier de permettre au sergent Millington de réduire la hauteur des pieds du lit en laiton de général Bonaparte de 11 pouces en disant que, comme le général était si faible dans l’état présent, il le trouvait trop élevé. Ceci a été fait. »
Bonjour Mr LOMBARDI
merci de mettre en valeur le travail de mon ancêtre.
Je viens de publier un livre sur Marie-jean.
cordialement
G DESOUCHES
Monsieur, je suis honoré et vous remercie de votre commentaire. Il était normal de remettre en lumière ces inventeurs, dont votre ancêtre fait partie, trop injustement oubliés ou méconnus. Mercie encore, de tout cœur.