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Voyeuse, voyelle et ponteuse

21 mai 2015 par Eric LOMBARDI

Une partie de pharaon au XVIIIe siècle - Johann Baptist RAUNACHER (1729-1771)

Une partie de pharaon au XVIIIe siècle – Johann Baptist RAUNACHER (1729-1771)

Un peu d’histoire

Au XVIIIeme siècle, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, toutes les couches sociales sont dévorées par la passion du jeu. Si on joue dans les tripots aux dés ou aux « trois-cartes », la rue est le terrain du « bonneteau » ou des loteries ambulantes. Les cabaretiers installent au fond de leur gargote un jeu de billard et autorisent les joueurs à sortir les jeux de cartes, les paris favorisant la consommation d’alcool et de nourriture. Bien que les jeux d’argent soient interdits, les autorités ferment les yeux, attentives à maintenir la paix sociale et l’ordre public. A la cour, l’aristocratie se déchaîne. Après une triste fin de règne qui a vu Louis XIV, sous l’influence de Mme de MAINTENON, cesser fêtes et réjouissances pour se tourner vers la méditation et la prière, la noblesse souhaite s’amuser. Dans les salons, on joue au Pharaon, au tric-trac, les sommes engagées sont souvent considérables et les ruines nombreuses. On se remémorera la « faillite » de la famille des Rohan-Guéméné en 1782 avec un passif de 33 millions de livres et l’obligation d’abandonner la charge de gouvernante des Enfants de France, c’est à dire la charge d’éduquer les enfants du couple royal, dont le Dauphin . Si le jeu n’en est pas le seul responsable, tout le monde sait alors que l’épouse du prince de Rohan, Victoire Armande Josèphe de Rohan, tient le salon de jeu où les mises sont les plus importantes.

Dame de coeur par le célèbre cartier Guillaume MANDROU vers 1780

Dame de coeur par le célèbre cartier Guillaume MANDROU vers 1780


Le XVIIIeme siècle est aussi une ère de raffinement qui voyait un meuble inventé pour chaque activité de la vie quotidienne. C’est l’une d’entre elles que nous allons étudier, l’observation de ces parties endiablées et plus particulièrement des sièges spécifiques créés pour la favoriser. Les spectateurs de ces salons de jeux faisaient donc appel aux grands noms de l’ébénisterie pour fabriquer des sièges de grande qualité et adaptés à l’usage. Il est bon de noter que ces grands menuisiers ne manquaient pas d’estampiller leurs œuvres du nom de leur célèbre atelier, Gourdin, Jacob, Sené, Blanchard,… flattant ainsi l’ego de l’utilisateur et générant une certaine publicité.

Table à jeux placage amarante d'époque Louis XV - Crédit antiques-versailles.com

Table à jeux placage amarante d’époque Louis XV – Crédit antiques-versailles.com

Voyeuse ou Voyelle

La voyeuse est une chaise étroite, à l’assise en trapèze, équipée d’un haut dossier au sommet duquel se trouve une manchette rembourrée. Assis sur le siège à califourchon, les spectateurs de la partie s’accoudaient sur la manchette, la poitrine contre le dossier. Elle était réservée aux hommes.

Voyelle estampille Sulpice Brizard vers 1765 - Crédit lesartsdecoratifs.fr

Voyelle estampille Sulpice Brizard vers 1765 – Crédit lesartsdecoratifs.fr

Voyeuse d'homme estampille J.N. BLANCHARD - Epoque Louis XVI - Crédit anticstore.com

Voyeuse d’homme estampille J.N. BLANCHARD – Epoque Louis XVI – Crédit anticstore.com

Voyelle en hêtre estampille de Dupain - Epoque Louis XVI - Crédit aguttes.com

Voyelle en hêtre estampille de Dupain – Epoque Louis XVI – Crédit aguttes.com

Voyelle de dame ou Voyeuse à genoux

C’est une voyeuse basse à assise carrée de la forme d’un prie-Dieu. Les dames ne pouvant s’asseoir à califourchon, la voyelle de dame leur permettait de s’agenouiller et de s’accouder pour assister aux jeux.

Voyelle de dame époque Louis XVI estampillée I.B SENE - Crédit sothebys.com

Voyelle de dame époque Louis XVI estampillée I.B SENE – Crédit sothebys.com

Voyeuse à genoux année 1789 de Jean-Baptiste-Claude Sené - Crédit elisabeth.yvelines.fr/

Voyeuse à genoux année 1789 de Jean-Baptiste-Claude Sené – Crédit elisabeth.yvelines.fr/

Voyelle de dame d'époque Louis XVI estampillée Henri JACOB - Crédit christies.com

Voyelle de dame d’époque Louis XVI estampillée Henri JACOB – Crédit christies.com

Ponteuse

C’est une voyeuse dont l’accoudoir rembourré dissimule un espace de rangement pour jetons à miser. L’appellation provient du verbe « ponter » signifiant miser contre le banquier.

Ponteuse avec coffre à jetons ouvert

Ponteuse avec coffre à jetons ouvert

La Flamande

Il s’agit d’une voyelle à 3 pieds originaire des Pays Bas et de Flandre, d’où son nom. Elle est encore en usage de nos jours.

Voyelle "Flamande" en 1771 - Crédit internet

Voyelle « Flamande » en 1771 – Crédit internet

Fumeuse

C’est une ponteuse dont l’assise est ronde, sur laquelle on s’assoit à califourchon et dont l’espace dans la manchette est réservé à l’usage du fumeur, rangement du tabac, des pipes et des ustensiles.

Fumeuse - Crédit internet

Fumeuse – Crédit internet

Détail d'une fumeuse - Crédit internet

Détail d’une fumeuse – Crédit internet


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