Il est très difficile de trouver de l’ancien mobilier africain traditionnel et ce, pour de multiples raisons. D’une part, l’habitat traditionnel comporte peu de mobilier. Souvent sculpté dans une seule pièce de bois, chaque meuble demande un volume de matière assez important et les arbres restent une ressource rare dans ce continent en grande partie aride. L’africain est souvent aussi un berger nomade et ne saurait s’encombrer d’un poids volumineux difficile à déplacer. Enfin, chaque meuble est la propriété d’une seule personne et réservé à son seul usage. Il est d’ailleurs fréquent qu’il soit détruit à la mort de son propriétaire ce qui rend quasiment impossible la conservation ou la découverte archéologique d’ancien mobilier.
Le siège
Le siège est en Afrique la pièce maîtresse du mobilier traditionnel et sa forme de base dépend de son ethnie d’origine. Un proverbe Asante, empire Ashanti aujourd’hui partie du Ghana, dit :
«Il n’est pas de secret entre un homme et son siège»
Le siège héberge une partie de l’âme de son propriétaire, d’où l’habitude d’adosser un siège inoccupé incliné contre un mur pour éviter qu’il soit dénaturé par des esprits mauvais. Le siège ou le tabouret doit suivre son propriétaire en permanence, tenu par une poignée intégrée ou par une lanière de transport, sous peine de grands malheurs. La tradition zaïroise dit d’ailleurs qu’un homme sans tabouret est un homme sans dignité.
Le tabouret
La faible hauteur du tabouret, entre 8 et 30 cm, correspond à la position accroupie des Africains.
La chaise à palabre
Constituée de deux planches simplement entrecroisées, elle est beaucoup plus confortable que son aspect rustique laisserait à penser. Autrefois très chère, la chaise à palabre était réservée à une élite, le montage et le démontage aisés favorisant son transport lors des déplacements.
Le trône
On dit en Afrique que s’asseoir est un privilège. Le siège est symbole de pouvoir et révélateur du statut social, il suit le chef dans tous ses déplacements. A la mort du dirigeant, le siège est noirci avec le sang des poulets sacrifiés puis rejoint dans un sanctuaire ceux de ses prédécesseurs.
L’appuie-nuque
On dort à même le sol ou sur une simple natte, la nuque sur ce repose-tête charger de protéger des forces maléfiques et faciliter les rêves, ces vecteurs vers le monde des ancêtres. Cette pièce de mobilier va accompagner fidèlement la vie de son propriétaire, généreusement enduite de beurre ou de lait afin de la protéger du vieillissement du bois et des insectes xylophages. L’appuie-nuque est très souvent enseveli avec le mort ou alors conservé par les familles comme porteur de l’âme et de la mémoire du défunt. Pour l’anecdote, les gardiens de troupeaux somaliens dorment sur des appuie-nuque asymétriques qui les empêchent de dormir trop profondément et de laisser le bétail sans surveillance.