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Complément d’information sur la fabrication des tomettes

27 janvier 2015 par Eric LOMBARDI

Il y a de cela quelques semaines (voir ici), je lançais un appel à connaissances au sujet de la fabrication des tomettes provençales hexagonales. Je viens de recevoir un mail d’un lecteur varois, Jean François, accompagné d’un texte fort bien documenté. Je le remercie chaleureusement et vous livre son texte in extenso.

La fabrication des tomettes.

Pour la fabrication des tomettes hexagonales, on utilisait uniquement de la terre provenant du terroir, des villages varois de Salernes ou de Villecroze.

Situation des villages de Salernes et Villecroze

Situation des villages de Salernes et Villecroze

La terre était préalablement lavée puis malaxée dans un lavoir spécial nommé « délavoir« . On la laissait ensuite décanter dans des bassins où l’eau en surplus pouvait s’évaporer. On fabriquait ensuite de gros paquets de cette glaise nommés « pastons » qui devaient encore perdre l’eau en excédent par évaporation. Pour cela, les « pastons » étaient stockés à l’abri dans des sortes de caves nommées « masse« .

En fonction des commandes, on découpait dans les « pastons » des morceaux plus petits que l’on passait au laminoir. Les bandes ainsi usinées et découpées pour ébaucher les tomettes passaient sous un cylindre afin de les aplatir et leur donner l’épaisseur définitive. Ces ébauches étaient mises à sécher au soleil et à l’air sur des planches. On en profitait pour les trier et ainsi éliminer celles qui présentaient des défauts. Une fois sèches, elles étaient trempées dans un bain composé de terre très finement tamisée au tamis de soie puis teintée d’oxyde de fer. Ce bain, « l’englose » ou « l’engobe« , était appelé  » le rouge » par les ouvriers. Elles séchaient ensuite dans un local appelé « plancher » puis étaient découpées grâce à une forme hexagonale. Le plus souvent, cette « forme » consistait en un cadre de bois dans lequel étaient tendus des fils de fer croisés.

Machine à découper les tomettes - © lorgues.free.fr

Machine à découper les tomettes – © lorgues.free.fr

Chaque fabrique marquait ensuite le dos de ses tomettes de son estampille au moyen d’une forme en métal. Originellement exclusivement manuelles, ces deux tâches furent par la suite mécanisées au début du XXeme siècle.

On arrivait enfin au stade de la cuisson qui avait lieu dans des fours à bois. Dans un premier temps à feu doux, « l’étuvage » qui durait 3 ou 4 jours, puis à grand feu durant 5 à 6 jours. Cette cuisson se faisait exclusivement à la chaleur sans aucun contact avec les flammes. Une fois le four refroidi, les tomettes étaient calibrées, le »calibrage« , puis assorties selon la couleur, le « recettage« . Pour finir, un ouvrier les empilait et les nouait d’un fil de fer. Elles étaient alors prêtes pour l’expédition, au début par voiturage puis par chemin de fer.

Cette production a pu atteindre jusqu’à 2 millions de pièces par an. Elle utilisait de nombreux ouvriers et seulement quelques femmes de façon saisonnière.


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